Rencontre avec le nouveau DTN, Mathieu Lacroix

Rencontre avec le nouveau DTN, Mathieu Lacroix

Tour à tour sportif, secouriste, formateur, président de club puis membre du comité directeur de la FFSS, Mathieu Lacroix est devenu début septembre le Directeur Technique National du sauvetage sportif, succédant à Yves Lacrampe. Docteur ès dossiers et contenus pédagogiques, passionné par les innovations technologiques, le Poitevin revient sur ses premiers mois en tant que DTN.

Pourquoi avez-vous décidé de relever ce défi ?
Depuis 17 ans, j’étais professeur de sport chargé de la coordination de la filière des activités aquatiques et de la natation à la Direction Régionale et Départementale de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion Sociale Nouvelle Aquitaine(site de Poitiers …). Je connais bien le sauvetage sportif, car je fais partie de la FFSS depuis 1995 et j’avais envie de me fixer de nouveaux challenges.

Quel a été votre parcours ?
Jeune, je pratiquais à un bon niveau la natation et le judo (Ceinture noire 3ème DAN) . Sur les tatamis, j’étais notamment enseignant diplomé d’état (DEJEPS judo jujitsu) et arbitre. Une blessure des ligaments croisés du genou m’a fait prendre du recul, d’autant que j’ai souhaité m’impliquer fortement pour la FFSS en développant l’association Action Sauvetage à Poitiers (1200 licences). J’ai en outre été formateur en secourisme, formateur de formateurs (premiers secours et SST), sauveteur en mer et maître nageur sauveteur (BEESAN et DEJEPS) . J’ai par la suite intégré la commission secourisme de la FFSS, l’équipe pédagogique nationale, puis le comité directeur de la fédération (2 mandats). J’ai démissionné de ce comité en août dernier, avant de devenir DTN. Aujourd’hui, je prépare toujours les futurs BNSSA, j’encadre quelques formations en secourisme et j’entraine chaque semaine à 7h du matin (en natation et en sauvetage) les étudiants de la faculté des sciences du sport de Poitiers.

Sur quels dossiers avez vous travaillé pour la Fédération ?
J’ai travaillé sur l’écriture des diplômes de la filière aquatique : BSB , BNSSA, SSA et BPJEPS. Avec Christian Poutriquet, nous avons écrit plusieurs ouvrages sur le sauvetage aquatique chez Vagnon (SSA et BNSSA).
J’ai également été l’acteur de la mise en place de plusieurs projets de développement informatique que les clubs utilisent : dématérialisation des licences, des diplômes, coffre fort des clubs et des licenciés et dernièrement le nouveau éos.

Pas trop difficile ces premières semaines en tant que DTN ?
Je suis arrivé dans un moment singulier, une époque marquée par la crise sanitaire sans précédente de la Covid-19. Je m’adapte autant que faire se peut à la situation. L’activité est intense malgré la pandémie, mais ce nouveau défi me passionne.

Quelles ont été vos premières actions ?
Dans un premier temps, je me suis attelé sur l’appel à projet de l’Agence Nationale du Sport, concernant les classes bleues (aisance aquatique). La fédération française de sauvetage et secourisme s’est positionnée et nous avons lancé un appel à projets, en interne auprès des structures FFSS. Nous avons fait un gros travail en commun. De nombreuses associations ont postulé et nous avons retenu sept d’entre elles, dont une dans les territoires ultra-marins. Un effort a été fait pour mieux intégrer les enfants en situation de handicap.
Dans la foulée, nous avons œuvré pour la reconduction de l’inscription de nos meilleurs sauveteurs sur les listes ministérielles de haut niveau.

A ce propos, comment avez-vous procédé, compte tenu de l’absence de compétitions nationales et internationales cette année ?

En effet, la tâche fut complexe, notamment pour certains minimes pour lesquels nous n’avions pas de temps de référence sur les mannequins adultes. Globalement, la plupart des athlètes de haut niveau ont vu leur statuts reconduit. A ce jour, nous avons 111 sauveteurs inscrits sur listes ministérielles. Ces sportifs bénéficient d’une dérogation pour s’entrainer pendant le confinement.

Comment appréhender la crise sanitaire actuelle lorsqu’on est sauveteur sportif ?
Comme dans tous les autres sports et dans la vie en général, la période est incertaine comme en témoigne l’annulation des championnats de France short course. Nous réfléchissons avec la commission sportive FFSS à différents formats de compétition. Le plus probable serait de déclarer nos compétitions (N2, N1 et french rescue) en mai, juin et septembre et privilégier des bassins découverts. La mise sur pied d’événements à huis clos est également à l’étude. Quoiqu’il en soit, nous sommes une fédération de sauvetage et nous nous devons d’être exemplaires pour préserver la santé des sportifs, des arbitres, de l’encadrement, du public ….

Pour ce qui est de l’échelon international, quand la situation sanitaire le permettra, nous allons probablement mieux mettre en avant notre French Rescue pour en faire une compétition de référence européenne…

D’autres projets en cours ?
Il y en a beaucoup ! Je souhaiterais faire évoluer notre filière de formation et dans un avenir plus proche le suivi médical des athlètes de haut niveau (SMR). J’aimerais par ailleurs être au plus près des clubs. Je sais ce que représente la vie d’une association pour avoir présidé un club durant de nombreuses années. Pour gérer les compétitions, nous allons par exemple leur proposer une nouvelle version du logiciel «FFSS compétition », fruit d’un travail de titan, réalisé par Stanislas Krzywda. Cet outil sera notamment prépondérant lors des compétitions. Il permettra par exemple aux officiels référents de diffuser les résultats et les chronos, quasiment en direct sur Internet ! De plus, nous aimerions repenser le format des compétitions, aller vers des événements moins longs et des épreuves plus visuelles. Ce point est lié à une autre de mes priorités : la communication. Il nous faut promouvoir le sauvetage sportif, en interne et en externe, à commencer par les ministères. Nous devons davantage nous faire connaître et surtout reconnaître.’

Le pays est confiné mais vous ne manquez pas de dossiers à traiter…
Tout à fait. Nous travaillons en outre sur différents partenariats. Par exemple, suite au rapprochement entre Ford et les secouristes FFSS durant la pandémie, le partenariat s’étend au monde sportif. Ce dossier, initié par Kamil Belkhelladi et stéphane Voisin, symbolise le dynamisme fédéral actuel. Nous allons remplacer le minibus dédié au pôle France, à Montpellier. Et les clubs FFSS bénéficieront de remises conséquentes (jusqu’à 41 %) s’ils ont besoin d’acheter des véhicules chez notre partenaire. Dans la foulée, nous avons œuvré sur notre collaboration avec un nouveau partenaire de choix : l’armée.

Quelle nouvelle ! Pouvez-vous nous en dire plus sur ce partenariat ?

Bernard Rapha, président de la FFSS, s’apprête à signer une convention avec les autorités militaires afin d’officialiser le partenariat. C’est une excellente chose pour notre sport. Des compétitions militaires de sauvetage vont voir le jour et à terme, une équipe de France militaire va naître. En substance, certains athlètes de haut niveau vont pouvoir prétendre à un
statut de militaire réserviste. Enfin, je n’oublie pas nos autres partenaires avec qui nous continuons de travailler en étroite collaboration, à l’image du Creps de Montpellier, de l’UNSS National ou de la MAIF.

Un dernier mot ?
Oui, je remercie Antoine Vedel, le coach de Poitiers de m’avoir fait découvrir l’univers du sauvetage sportif. J’ai rencontré grâce à notre sport des belles personnes avec des valeurs humaines exceptionnelles. J’espère que nous pourrons bientôt reprendre nos activités. Quand je vois avec avec quel bonheur ma fille s’entraîne tous les jours avec les autres sauveteurs du club de Poitiers, je suis fier d’être le DTN de cette fédération.

Propos recueillis par Bruno Magnes.