Elles ont dompté le Pacifique en paddleboard !

Elles ont dompté le Pacifique en paddleboard !

Elles devraient toucher la terre ferme, demain sur la plage Temae située sur l’île de Moorea (Polynésie française). Après 8000 km parcourus à la force des bras ! Le 4 janvier dernier, Margot Calvet, Marie Goyeneche, Stéphanie Barneix, Itziar Abascal, Alexandra Lux et Emmanuelle Bescheron se sont élancées depuis le Pérou pour une traversée inédite. En effet, ces six watermonen qui se sont rencontrées via le sauvetage sportif rament allongées ou agenouillées sur leur paddleboard, au profit des enfants malades du cancer. Elles se relaient ainsi toutes les heures, pour la bonne cause. Inlassablement. Contre vents et marées. Cette traversée du Pacifique est orchestrée par Hope Team East, association Sport Santé pour l’activité physique adaptée aux personnes vulnérables (enfants et adultes). Le défi majuscule, extrême, a été baptisté Cap Optimist et le PC course se tient à l’office de tourisme de Seignosse. Alexandra Le Mouel est la chef de projet.

Le Pérou plutôt que le Mexique

Un projet né en 2015 dans l’esprit de Stéphanie Barneix. « Nous étions avec Alexandra Lux en Polynésie. En effet, Manue nous avait invité à participer à la Watermana. Nous avions passé un très bon moment ensemble. J’avais en tête de créer un grand événement sportif pour l’association Hope Team East que nous avons créée avec Alexandra Le Mouel. Déjà, en 2009, après notre traversée de l’Atlantique nord, nous avions songé à braver le Pacifique, mais cela nous paraissait trop long… Pour ce qui est du point de départ, nous pensions dans un premier temps partir du Mexique, mais Yves Parlier nous a conseillé d’opter pour le Pérou, où les courants seraient plus porteurs » souligne Stéphanie. Comment convaincre alors d’autres filles de les rejoindre pour une telle aventure ? « Personnellement, je n’ai pas hésité longtemps » sourit Marie Goyeneche. « En 2009, je me trouvais au large de Capbreton lors de l’arrivée de Cap Odyssée (traversée de l’Atlantique nord en paddleboard). J’avais seulement 9 ans et j’étais fan des filles, Alexandra, Stéphanie et Flora (Manciet). Elles m’ont par ailleurs appris à nager, le goût de l’effort, la compétition et de grandes valeurs. De plus, ma vie n’a pas été pas un long fleuve tranquille ces dernières années, l’envie de changement et de se sentir utile grandissait en moi. Pour ceux qui ne sont plus là et pour tous ces enfants malades. Pour ma famille. Pour mes amis et pour toutes les personnes qui m’apportent beaucoup au quotidien. Mais aussi pour moi. C’est pour toutes ces raisons que j’ai accepté de relever ce défi ! »

Motivées par une noble cause

Margot Calvet abonde dans son sens. « Une telle opportunité ne se présente qu’une fois dans la vie. D’une part, j’ai accepté de relever ce challenge pour moi. Je voulais me prouver que j’en étais capable. Naturellement, j’ai également pensé aux amis que j’ai perdu (Romane et Pablo). Il faut profiter du jour présent pour n’avoir aucun regret. Je souhaitais aussi écrire l’histoire avec ces filles que j’ai toujours admiré depuis que j’ai 7 ans ! Et me battre pour cette noble cause ». Même son de cloche chez Manue Bescheron. « Traverser un océan à la rame, l’opportunité ne se présente pas tous les jours ! C’est à la fois un challenge personnel, une aventure humaine et une expérience de vie hors normes. Et puis, j’avais confiance en cette équipe. C’est très important. Nous sommes très complémentaires ». Marie Goyeneche, Margot Calvet et Emmanuelle Bescheron ont ainsi rejoint l’équipe,
composée au préalable par Stéphanie Barneix, Alexandra Lux et Itziar Abascal depuis le passage du Cap Horn en paddleboard en 2014. Il fallut ensuite planifier une préparation propice à l’exploit envisagé. « Nous avions l’expérience emmagasinée lors des deux précédentes traversées extrêmes, tant sur le plan sportif que logistique. Et ces deux traversées nous ont apporté plus de légitimité auprès de potentiels partenaires et autres autorités » souligne Alexandra Lux.

Une préparation minutieuse

Cette préparation comprenait notamment une traversée test, de Monaco à Athènes, organisée au printemps 2022. « Ce fut une étape importante, afin de se préparer psychologiquement. Cela nous a permis d’avoir un aperçu de la vie en communauté sur le bateau accompagnateur, de voir les besoins qui allaient être les nôtres pendant trois mois sur le Pacifique. Nous avons pu tester aussi les temps de relais et à titre personnel, j’ai réalisé que je devais me préparer plus dur, sur le plan physique » témoigne Itziar Abascal. Manifestement, les mois de préparation ont porté leurs fruits ! Les six rameuses sont sur le point d’accomplir un formidable exploit, même si tout n’a pas été simple. Parfois le catamaran, qui les accompagne, devait jeter l’ancre et l’expédition faisait du surplace, lorsque les conditions n’étaient pas réunies. Ce n’est pas arrivé souvent, mais certaines journées de février, par exemple, « ont été difficiles » selon Manue Bescheron.

La Polynésie, une évidence

L’arrivée des six héroïnes s’annonce grandiose, demain à Moorea. « La Polynésie française, où la culture waterman est essentielle, était pour nous une évidence. C’est pourquoi nous avons choisi une île de cet archipel pour l’aboutissement de notre aventure » note Stéphanie. C’est donc dans un décor de carte postale, sous les yeux de leurs proches ayant pour beaucoup effectué le voyage, que les six drôles de dames franchiront la ligne d’arrivée. Frisson garanti ! L’émotion devrait être à la hauteur de leur exploit.
Bruno Magnes