Impressionnant. Dantesque. Homérique. Les superlatifs ne manquaient pas, samedi soir à Biarritz, tant chez les élus que chez les nombreux spectateurs. La seconde édition du Red Bull Ocean Rescue a fait vibrer le front de mer biarrot, agrémenté de superbes vagues sous un ciel d’azur.
Le Gall, le trouble-fête
Les 26 sauveteurs qualifiés pour la grande finale se sont élancés au sprint, à 14h30 sur la Grande Plage. Comme on pouvait s’y attendre, ces athlètes de haut niveau partent sur un rythme effréné, avec pour débuter quelques kilomètres en paddleboard derrière la Roche Plate. Cap ensuite sur la plage du Miramar, avec de beaux surfs sur le retour ! Ils sont sept à prendre les devants, mais Alan Le Gall, mieux placé à la sortie de l’eau, s’extirpe du peloton et boucle ce premier tronçon en 8mn et 50s. Le junior d’Hossegor s’était brillamment qualifié la veille, et crée une grosse sensation ! Il entame la première course à pied et avale sans souci les 114 marches vers le phare, où est prévu le premier saut de la journée. Là, il faut plonger avec ses palmes, avant de gagner la plage à la nage…Alan est toujours en tête, avec à ses trousses David Buil Sanz. L’expérimenté Espagnol, tenant du titre, vise la passe de deux.
Ramos se révèle
Les deux sauveteurs en tête entament la seconde course à pied, 21mn seulement après le départ ! A 10s à peine, un autre junior, à savoir Oihan Ramos s’illustre sur ses terres. Il devance son coéquipier biarrot, Maxime Labat, et le redoutable Anglais Bob Whitaker. Les positions restent inchangées lorsque ces champions fendent la foule pour regagner la Grande Plage et récupérer leur surfski. Alan Le Gall fait mieux que résister, il accentue même son avance de quelques secondes ! Va-t-il résister en surfski ? La course féminine est également passionnante. Un trio se détache en planche, composé de Thaïs Delrieux, plus prompte à fouler le sable (en 9mn et 45s), devant Ellie McCloy et Elise Daudignon. Après la nage avec palmes, Ellie la Gallloise prend la tête avec 40 s d’avance sur Elise et 50 s sur Thaïs. Pas de changement à l’arrivée sur la Grande Plage et une de ces trois filles semblent promise à la succession d’Itziar Abascal.
Et de deux pour Buil Sanz !
Revenons à la bataille chez les hommes, où Alan poursuit son festival. Il atteint le port des pêcheurs avec 5s d’avance sur David, à l’issue du surfski, après 33mn et 50s d’effort. Un parcours marqué par un passage de barre solide dans des ondulations conséquentes. Les deux duettistes abordent la 3e course à pied avec une belle marge sur leurs poursuivants. Ils négocient un nouveau saut dans l’océan qui les emmènent vers le second parcours de nage. Les milliers de spectateurs massés dans le Port Vieux, devenue une arène en fusion, attendent fébrilement et tentent d’apercevoir un athlète sortir du tunnel avant le 3e saut de la journée, le plus impressionnant. Le suspense est insoutenable. L’ambiance est électrique. Qui va apparaître le premier ? Le jeune Français sans complexe ou l’expérimenté waterman espagnol ? C’est finalement David, comme en 2022, qui déboule, prêt à plonger ! Le doublé lui tend les bras. « C’est lors de l’avant dernière nage que j’ai enfin réussi à revenir sur Alan. Il m’a donné du fil à retordre ! C’est génial de gagner à nouveau ici » témoigne David Buil Sanz, vice-champion du monde de paddleboard longue distance. Lequel partage ses entraînements depuis des années entre son club Alcareno Salvamento, près de Madrid, et celui de Capbreton où il surveillait un temps les plages locales.
La remontée de Whitaker
Alan Le Gall déboule 10 s après sur la falaise. Mais dix mètres plus bas, c’est une vraie machine à laver ! David négocie mieux l’ultime nage vers l’arche d’arrivée. Il boucle cette seconde édition dans une ambiance indescriptible, en 44mn et 50s et conserve son titre de mains de maître. Derrière, la bataille fait rage. Alan doit tout donner pour rester sur le podium. En effet, Bob Whitaker est remonté à la 3e place après le surfski et effectue une ultime nage supersonique, dont il a le secret. Il prend la seconde plage, à 45s du vainqueur. A la faveur d’un dernier effort, Alan Le Gall préserve sa 3e place, à deux secondes de Bob et avec 14s d’avance sur Maxime Labat, dans un shorebreak d’enfer. Un spectacle qui embrase encore un peu plus le Port Vieux. Arrivent ensuite John Despergers, Oihan Ramos, Adrien Lambolez, Julien Lalanne, Maël Tissier et Jules Da Silva qui complète le top 10. Mention spéciale à Clément Pomart, plus jeune sauveteur qualifié et classé finalement au 12e rang !
McCloy intraitable
Chez les filles, Ellie McCloy accentue son avance sur la seconde partie de la course. Après le surfski, celle qui était 6e mondiale l’an passé (oceanwoman) possède près de 3mn d’avance sur ses poursuivantes. Elle est la première à braver le dernier saut et inscrit magistralement son nom au palmarès. Il faudra encore attendre avant de voir un ou une Française remporter cette épreuve. La Galloise s’impose en 51 mn et 48 s. Troisième en 2022, Elise Daudignon gagne une place et précède Thaïs Delrieux de seulement 11 secondes ! Suivent Margaux Bouteloup, Oïana Trillo, Sarah Goalard et l’Allemande Janka Krohn. Cette dernière, qualifiée la veille, bénéficie des acclamations du public en point d’orgue de cette course de légende. Sur la plage, les avis sont unanimes et le public plébiscite ce concept extrême. Géraldine Verget, conseillère municipale déléguée aux Sports et à la Culture, fait part de son admiration pour les athlètes et pour le sauvetage sportif, lors de la remise des prix. L’agence Hondarra, préposée à l’orchestration, et Anthony Mazzer, directeur de course, ont fait plus que relever le défi avec le concours des bénévoles. Vivement la 3e édition ! Bruno Magnes
Photo Alain Beaudoin