Elle restera incontestablement, dans le sauvetage, comme une des reines de cette année olympique. Annah Abravanel a frappé fort. Il faut dire que tout ou presque a réussi à l’athlète basque, licenciée à Biarritz. Troisième des championnats d’Australie, une première pour un ou une Européenne sur le sable, vainqueur des flags de la French Recue, championne du monde à Kurrawa puis championne du Japon à l’automne : le parcours est extraordinaire. Dotée d’un mental à renverser les montagnes, ne se fixant aucune barrière, Annah est toujours là le jour J. Ce fut le cas, récemment, au pays du Soleil Levant. La championne du monde revient sur cette nouvelle expérience.
Pourquoi avez-vous souhaité relever ce défi ?
Le Japon est le pays des flags. Ils sont particulièrement bons en sable, notamment en flags en raison de leur taille. C’était mon rêve de me confronter à eux depuis plusieurs années, mais c’était impossible puisque la compétition était fermée aux internationaux. J’étais ces dernières saisons en contact avec le président de la fédération japonaise et cette année il a modifié la règle pour que je puisse participer. Une occasion incroyable que j’ai saisie !
Vous enchaînez les voyages cette année, c’est quelque chose que vous affectionnez ou c’est imposé par vos objectifs ?
Je m’entraîne très dur et rester en France me frustrais un peu. Je voulais participer aux plus grosses compétitions internationales, acquérir de l’expérience, découvrir de nouvelles cultures, de nouvelles personnes, progresser. Cela a été très fructueux, j’y ai pris goût et j’aimerais continuer sur cette dynamique. Ça m’a fait beaucoup grandir, que ce soit sportivement ou humainement.
Culturellement, qu’est ce qui t’a le plus marquée au Japon ?
Je dirais tout ! Que ce soit l’architecture, la nourriture, les traditions, leur discipline, leur look extravagant pour la plupart, leur non maîtrise de l’Anglais (rires). C’était vraiment dépaysant et enrichissant comme expérience.
Qui t’a accueillie ?
J’ai trouvé une famille d’accueil, proche du site la compétition, qui pratique le sauvetage ? Je souhaitais vivre avec eux, m’immerger dans leur culture, connaître leur mode de vie, leurs habitudes (ça fait partie des raisons pour lesquelles j’ai fait ce voyage). J’y ai passé une semaine et ils m’ont reçue de façon extraordinaire ! Ils m’ont appris certaines bases du savoir-vivre japonais (se déchausser, tenir son bol à deux mains, tremper le côté poisson du sushi dans la sauce et non le côté riz, tu peux faire du bruit en aspirant certaines nouilles et pas avec d’autres…). Je me suis très bien entendue avec eux, c’était incroyable, ils m’ont même invitée à revenir l’année prochaine !
Sportivement, qu’avez-vous pensé du niveau et de l’organisation ?
J’ai trouvé l’organisation incroyable et différente de ce que j’ai pu connaître en Europe ou en Australie. Ils commençaient à l’heure pile et étaient très organisés. Officiels et athlètes ont été adorables avec moi et très patients (je ne comprenais rien). Ils m’ont très bien accueillie et les compétiteurs (que ce soit femmes ou hommes) m’ont vraiment aidée tout au long de la compétition. Sur la partie sable, le niveau était très bon et élevé, il y avait une forte densité. Le niveau n’était pas aussi élevé qu’en Australie, mais plus élevé qu’en France par exemple.
Vous avez réalisé une année de dingue, de quelle « perf » êtes-vous la plus fière ?
Oui c’est vrai ! J’ai du mal à me rendre compte car je mets simplement en place ce que j’apprends et ce que je fais à l’entraînement chaque jour, avec la même intensité et la même envie d’être la meilleure. À force de persévérance, un jour le puzzle s’assemble et tout fonctionne. Evidemment, c’est de mon titre de championne du monde dont je suis la plus fière ! Mais ma 3ème place aux Aussies n’est pas très loin derrière, car j’ai concouru au plus haut niveau mondial et j’ai réussi à m’exprimer sur le terrain.
Propos recueillis par Bruno Magnes
Photo Kate Harris